Aménager l’espace Préface

Aménager l’espace
Préface
Flora Blanchon

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Pour cette deuxième livraison d’Asies, les chercheurs du CREOPS ont choisi pour thème «aménager l’espace».
Ce recueil d’articles s’ouvre sur une poésie de madame Hiromi Tsukui : sora , «le ciel», qui évoque le firmament ou l’espace céleste. En chinois ce caractère se lit kong est signifie le vide, l’espace, le ciel, – il est très proche phonétiquement et graphiquement de hong, «l’arc-en-ciel» -. L’espace se traduit aujourd’hui par un mot dissyllabique, kongjian, en japonais kukan, dont le second caractère dessine la lune ou le soleil entre les deux battants d’une porte. On ne peut mieux marquer comment en Extrême-Orient le temps s’inscrit dans l’espace.
L’ouvrage est construit en trois grandes parties, respectant les grands types que représentent les villes, les jardins et les ensembles religieux. Les articles ont été écrits soit par des archéologues (études de villes anciennes et de temples), soit par des architectes ou des urbanistes, soit encore par des chercheurs qui s’intéressent à la représentation de l’espace dans les textes ou les cartes.
Nous avons fait une place particulière aux réalisations architecturales temporaires, comme le mandala de sable, le gué’na birman, et les temples d’Ise au Japon, qui ont peu d’équivalent en Occident : imaginerait-on, par exemple, de construire une cathédrale pour 20 ans ?
Par principe, les illustrations choisies sont celles qui sont le moins familières au monde occidental : aucune vue de la Cité interdite de Pékin, ni de Tokyo, mais des documents inédits sur Séoul, sur le Tibet et sur la Mongolie ; des photographies sur la construction du mandala de sable par les moines tibétains, à Rome ; et pour terminer, les réalisations d’Ikebana de madame Nobué Miyauchi (111. 46 à 50).
Le but n’est pas de donner une vue exhaustive sur chacun des thèmes et encore moins sur chacune des zones étudiées. Ce serait bien trop présomptueux et, de plus, contraire à l’esprit de cette revue qui cherche à faire emprunter au lecteur les cheminements intellectuels ou spirituels qui entourent, commentent et créent la réalité asiatique.

Nous serons donc heureux si au delà des villes citées, Pékin, Tokyo, Séoul, Rangoon, Sigiriya, Ayuthia, Bali ou Ulan Bator, nous avons pu donner au lecteur un certain nombre de points de repère lui permettant d’identifier, de déceler ou d’entrevoir les cohérences d’autres villes ou d’autres temples en Asie ; si les spécificits de la gestion de l’espace en Asie apparaissait nettement dans son attitude face à la conservation du patrimoine comme dans la représentation que l’on donne de la ville dans les publications destinées à la jeunesse. Et enfin, nous aimerions que les urbanistes, cherchant à revivifier le modèle occidental de l’aménagement de l’espace, puissent trouver dans cet ouvrage des éléments de réponse. Il tente de montrer comment l’espace en Asie orientale et extrême-orientale s’inscrit dans les saisons, dans le mouvement, dans l’alternance et la complémentarité de l’activité et du repos (du yang et du yin) et enfin dans l’univers tout entier, au sens cosmologique.
Flora Blanchon