Isabelle Le Mat Charrier

                         CURRICULUM VITAE

Isabelle Charrier-Le Mat

Membre associé

Discipline: Histoire de l’art      Pays: Japon

Activités professionnelles

Dans l’enseignement universitaire :

1987-1991 :

Enseignement du français langue étrangère à l’Université des langues étrangères de Kyoto

1991-1997 : Lecteur à l’Université de Kôbe dans les départements des Lettres et Études Inter culturelles

Enseignement du français langue étrangère pour les premières et deuxièmes années (Faculté Études inter culturelles)

Deux séminaires (Faculté des Lettres) 

– Cours de thème

– Lecture et explication d’un ouvrage en français

– Cours de dissertation

– Réflexions sur la critique littéraire

– Correction des mémoires écrits en français

1998-2003 : Lecteur invitée à L’université de Louvain la Neuve (Belgique) dans le département Orientalisme : Histoire de l’art de l’Extrême-Orient (Chine-Japon)

Lecteur invité à l’Institut d’art et de management du Japon Eurasiam (Paris) Histoire de l’art du Japon, Art contemporain japonais (2005-2007)

2005-2018 : Chargée de cours à l’Université Paris VIII dans le Département Arts plastiques

Approche comparative de la représentation

Enseignement histoire de l’art japonais

France-Japon : regards croisés

Parcours à travers les musées pour découvrir les collections japonaises

Traduction

Lee Ufan : L’art de la résonance

 Paris : Beaux-Arts de Paris éditions, Collection écrits d’artistes, 2013, 325p.

Lee Ufan artiste coréen résidant au Japon depuis 1956. Il a fait partie du mouvement d’avant-garde monoha dont il est considéré comme le théoricien. Il parage sa vie entre Tokyo, Paris et Seoul. Son musée construit avec Tadao Andô se trouve à Naoshima et sa fondation vient d’être inaugurée à Arles.

 

Manhattan suicide Addict (Suicidaire récidiviste à Manhattan)

Titre original Manhattan jisatsu misuijôshûhan

Il s’agit d’une sorte d’autobiographie écrite par l’artiste japonaise Kusama Yayoi(1929) à son retour des États-Unis en 1973. Elle y raconte certains éléments de sa vie dans l’underground de Greenwich Village de la fin des années 50 au début des années 70. Elle évoque aussi son drame quotidien car elle est atteinte de la maladie mentale de dépersonnalisation.  Enfin elle nous éclaire sur sa vision de l’art et sur la manière dont elle conçoit ses œuvres. Kusama est aussi un écrivain car elle est l’auteur de nombreux livres : romans ou recueils de poésie. Très reconnue depuis les années 60 dans le milieu de l’avant-garde aux Etats-Unis, une grande rétrospective de ses oeuvres a eu lieu au Moma à New York dans les années 80, en France en 2001 la Maison de la culture du Japon et le Centre Pompidou à Paris ont présenté une grande exposition. Enfin le Japon lui a consacré une grande exposition rétrospective en 2005. Un musée est consacré à son œuvre à Tokyo.  

Catalogue de l’Exposition au Musée Guimet Au fil du Dit du Gengi, Hommage à Maître Yamaguchi Itarô Novembre2009-janvier 2010

Activités de Recherche

Depuis 2018 : fait partie de l’équipe de recherche Langart dirigée par Véronique Alexandre Journeau et du Centre de recherche sur l’écriture et l’image

13 juin 2007 Participation au   Colloque international, Université Paris VIII, département arts plastiques Philippe Nys (dir.)  A propos des concepts de « Shakkei » (paysage emprunté) et de « Mitate »(Voir comme)

8-10 mars 2007 Participation au colloque Culture et Société japonaise organisé par le centre des Etudes japonaises d’Alsace (Colmar)

8-12 novembre 2005 Participation au Colloque du Centre de recherche international des Études japonaises de Kyoto : Arts et Artisanats au 21e siècle : Reconsidérer le futur dans une perspective internationale

22 février 2005 : Conférence, Université du Havre,  » Le mouvement de renouveau de la tradition dans le Japon des années 1880″

19 Novembre 2004 : Communication Centre de recherche Écriture et image (Université Paris-VII)

“France-Japon : regards croisés”

2003 Participation au Congrès annuel de L’Association for Asian Studies 27-30 mars New York

Depuis 2001- : Chercheur associé dans le groupe de recherche de l’Université Paris VII dirigé par Anne-Marie Christin, Écriture et image

2002 Participation au colloque international Le Japon et l’Europe, tissage inter culturel, Université catholique de Louvain la Neuve, 3-5 mai

2000-2004 :  Présidente de L’association ALUMNI de la Canon Foundation in Europe

1999 : Participation au colloque international Serge Elisseeff et la japonologie organisé par l’Institut russe de japonologie, Moscou, 2-3 juillet 1999.

1998 : Participation au colloque dirigé par J.J. Tschudin et C. Hamon La nation en marche, Études sur le Japon impérial de Meiji, Maison de la Culture du Japon, Université Paris VII 29-30 mai 1998

1997 :  Participation au Colloque dirigé par Augustin Berque, E.H.E.S.S Dépassement de la modernité, logique du lieu, Maison de la culture du Japon, 23-25 octobre 1997

1993-1996 :  Responsable d’un groupe de recherche en tant que chercheur associé à la maison franco-japonaise de Tôkyô : 10 questions à propos de l’art moderne et contemporain au Japon, Dix journées d’étude tenues à la maison franco-japonaise de Tôkyô entre 1994 et 1996.

1992-1993 :  Responsable du groupe de recherche pluridisciplinaire en japonologie et en sinologie, groupe Kô-in, Villa Kujôyama, Kyôto

1991-1992:  Boursière de la fondation Canon : thème de la recherche: L’art japonais d’après-guerre et ses rapports avec l’esthétique traditionnelle Sous la direction du professeur Shûji Takashina dans le département d’histoire de l’art de la Faculté des Lettres de l’Université de Tôkyô.

1989 : Obtention du Doctorat à l’université Paris IV Sorbonne avec la mention très honorable

Participation au colloque dirigé par Augustin Berque, La maîtrise de la ville, Fondation Royaumont, avril 1989

1986-87 :  Bourse de la Fondation du Japon Thème de la recherche L’évolution de l’art japonais de l’époque d’Edo à l’ère Meiji à l’université de Kyoto dans le département d’esthétique et d’histoire de l’art sous la direction du professeur Kenjirô Yoshioka

1982-1983 :  Boursière du Ministère des Affaires étrangères : Thème de la recherche : La peinture de l’époque de Meiji à l’Université de Kyoto dans le département d’esthétique et d’histoire de l’art sous la direction du professeur Kenjiro Yoshioka 

1979-1981 :  Boursière du ministère de l’éducation japonais thème de la recherche : l’histoire de l’art japonais depuis l’époque de Meiji dans le département d’esthétique et d’histoire de l’art de l’Université de Kyôto sous la direction du professeur Kenjirô Yoshioka

Formation

1989 :  Docteur en Histoire de l’art de l’Université de Paris IV Sorbonne mention très honorable

1985 : Diplôme de langue japonaise Université de Paris VII

1982 DEA Art et archéologie Université Paris IV

1980 : Diplôme de langue japonaise Université des langues étrangères d’Osaka

1978 :  Maîtrise spécialisée d’Art et d’archéologie de l’Université Paris IV

1976 :  Licence es lettres Art et archéologie de l’Université Paris IV

1974 :   Diplôme d’Ancienne Elève de l’Ecole du Louvre

1970 :   Première année de Lettres classiques Université de Bordeaux

1969 : Baccalauréat

Liste des publications

Évolution de la peinture japonaise du milieu du XVIIIe siècle à la fin de l’ère Meiji, Tradition et modernité, Université Paris IV Sorbonne, sous la direction de Bernard Dorival, 1988. 705p. 300 illustrations

Ouvrages

La peinture contemporaine japonaise de 1750 à nos jours, Besançon, La Manufacture, soutiens du CNL et de la Fondation du Japon, 1991,197 p.

Nihon kindai bijutsu : Bijutsu no yukue Bijutsushi no genzai [Japanese Modern Art : Destiny of Art, Actuality of Art History], codirigé avec Kitazawa Noriaki, Kinoshita Nagahirô, and Yamanashi Toshio. Tokyo, Heibonsha, 1999. 362 p.

Traductions:

 » Manhattan Suicide Addict » de Kusama Yayoi

 Dijon : Les Presses du réel, 2005. 255 p.

Lee Ufan : L’art de la résonance

  Paris : Beaux-Arts de Paris éditions, Collection écrits d’artistes, 2013, 325p.

Catalogue raisonné Exposition du Musée Guimet Au fil du Dit du Gengi Hommage à Maître Yamaguchi Itarô, Octobre2009-janvier 2010

Articles et Actes de colloques

Relations artistiques entre la Corée et le Japon aux XXe et XXIe siècles, Isabelle Charrier et Kim Hyeon-Suk(dir.) , Paris, L’Harmattan, 2022.

 

L’auteur dans son œuvre entre présence et effacement, Danièle Pistone et Véronique Alexandre Journeau (dir.) Paris, L’Harmattan, 2021, L’autoportrait en tant que signature, p.325-343.

 

L’instant et l’essence de l’inspiration A la croisée des arts et des cultures, Véronique Alexandre Journeau et KIM Hyeon-Suk(dir.), Paris, L’Harmattan, 2019, Les traditions secrètes et l’expression de l’ombre éphémère, p.163-178.

  

« Yagi Kazuo’s Pottery beyond Tradition and Modernity: the « Self-skin » Expression, in Traditional Japanese Arts and Crafts in the 21st Century, Reconsidering the future from an International Perspective 2005 International Symposium, Inaga Shigemi and Patricia Fister (dir.), Kyoto:  International Research Center for Japanese studies, 2007, pp 231-247

 

 » La calligraphie est-elle un art ?  » in Du visible au lisible Cécile Sakai et Anne Kerlan Stephens (dir.), Paris, Picquier, 2006, p.139-156

 

“La première rencontre avec l’art occidental : L’art Nanban “in Le Japon et l’Europe, Tissage interculturel, J.R.Klein et F.Thirion (dir.) Cortil-Wodon : E.M.E, 2004. p. 271-281.

 

« S. Elisseeff and Japanese Art » in International Symposium “S. Elisseeff and world japonology”, Moscou, Institut orientaliste russe, 2001, p 92-105.

 

L’autoportrait ou la représentation du sujet dans l’art japonais, dans “La logique du lieu, le dépassement de la modernité, Bruxelles : Ed. Ousia, 2000, p.31-52.

 

La modernité japonaise : paradigme et innovation” in Nihon kindai bijutsu : Bijutsu no yukue Bijutsushi no genzai [Japanese Modern Art : Destiny of Art, Actuality of Art History], Kitazawa Noriaki, Kinoshita Nagahirô, Isabelle Charrier and Yamanashi Toshio (dir.), Tokyo, Heibonsha, 1999, p. 14-29.

 

La première revue d’art au Japon : Gayûsekichin, Takahashi Yuichi, critique d’art “in Colloque de la Société des Études japonaises, 17-19 décembre 1998, Paris : Philippe Picquier, 1999, p.477-484

 

La réaction nationaliste des années 1880 dans le milieu artistique : Ernest Fenollosa et Okakura Tenshin, Paris : Philippe Picquier, 1999.

 

L’Évolution de la conception de l’art de l’époque de Meiji à nos jours” in Le Japon pluriel, actes du premier colloque de la Société des Études japonaises, Paris : Philippe Picquier, 1995, p. 245-256

 

L’esthétique dans la ville japonaise d’aujourd’hui in La maîtrise de la ville, dirigé par A. Berque, Paris : E.H.E.S.S., 1994, p.125-139

 

Articles de revues ou d’ouvrages collectifs avec comité de lecture

 

Inoue Yûichi, une œuvre de forme, une œuvre de sens, une œuvre de son, Revue CEEI, n°2 La lettre et la ligne, en ligne, décembre 2021, p118-136 https://ecriture-et-image.fr/index.php/ecriture-image/article/view/41/135

 

L’énigme ou l’opacité de l’invisible, in Sigila, revue transdisciplinaire franco-portugaise sur le secret, n°31, printemps-été 2013, Paris, Gris-France, 2013, p.69-81.

 

 

 A propos du monde de l’esthétique des courtisanes in catalogue Au fil du Gengi, Hommage à Maître Yamaguchi, 4-11-2009 au 10-1-2010 exposition Musée Guimet, p. 43.

Biographie du maître Itaro Yamaguchi idem, p. 44-45

 

 » La calligraphie est-elle un art ?  » in Du visible au lisible Cécile Sakai et Anne Kerlan Stephens (dir.), Paris, Picquier, 2006, p.139-156

 

 

La création contemporaine et la tradition esthétique” in Japon, peuple et civilisation, dirigé par J-F Sabouret, Paris : éditions de la différence, 2004 pp 206-209.

 

Débat sur l’avenir de l’art dans le Japon de l’époque Meiji, Tôkyô, revue Ebisu n°12,

janvier-mars 1996, p. 154-180 

 

Les arts plastiques modernes face à la tradition in Le Japon 1995, Tôkyô, Maison franco-japonaise, 1995, p. 377-383

 

L’art des Uemura : la représentation des fleurs et des oiseaux dans la peinture traditionnelle moderne in Catalogue d’exposition Uemura Shôkô et Atsushi, Paris : Espace culturel Mitsukoshi, 21/12/93 au 12/2/94, 6p.

 

Le voyage ou le pari de Sugai” Kôbe : Université de Kôbe, Faculté des lettres, mars 1993. p. 201-214

 

Remise en question du japonisme (japonisumu o toinaosu) Kyôto : Miru, Musée d’art moderne de Kyôto, n°297, mars 1992, p. 4-6

 

Aux débuts de la peinture moderne japonaise”, Paris : Gazette des Beaux-Arts, février 1992, p. 57-67

 

La rencontre de la première école de peinture japonaise de style occidental avec l’art académique français” (Nihon no kindai no yôga to furansu no academisumu no deai) Kyôto : Miru, Musée national d’art moderne de Kyoto, 1989, p.4-6

 

Pour une nouvelle histoire de l’art moderne japonais “ Paris : Revue des Arts Ecrit-Voir, juin 1988. p. 6-17

 

Peinture et sculpture contemporaines” in L’État du Japon, Paris : La découverte, 1988.

 

Traduction de l’esthétique traditionnelle dans la ville japonaise d’aujourd’hui” in Qualité de la ville, Urbanité nippone 1, Tôkyô : Maison franco-japonaise, 1987, p. 259-271

 

Articles de revues

Art contemporain japonais : Conversation avec Nomura Hitoshi, p 22-23

Chronologie de l’art japonais d’après-guerre p. 26-29

, Principes fondateurs, p. 30-31

 Revue franco-japonaise, Les Voix n° 57, Kyôto, décembre 1991.

 

L’école de Paris grandeur et décadence (Ecolu do paris sono eikô to suitai ) Tôkyô : Geijutsuron, Novembre 1987, p. 18-20

 

Rapport de recherche

Les échanges artistiques entre la France et le Japon pendant les années 50, Rapport présenté au Centre G. Pompidou dans le cadre de la préparation de l’exposition le Japon des avant-gardes (1986-87) 36 p.

 

Maîtrise et DEA

Les thèmes traditionnels dans l’art contemporain japonais, D.E.A. sous la direction de B. Dorival, Institut d’Art et d’Archéologie (Université Paris IV) 1982

“ La peinture de Key Satô, maîtrise d’art et d’archéologie, Université de Paris IV, 1978. 120p.

 

Conférences

Foundation of Japanese Modern Art History: Neologisms in Modern Art Criticism,” Japanese International Research Center for Japanese Studies, Kyoto, Mars 1996. (in japanese)

 

Reflections about the Constitution of Modern Japanese Art History.” (In Japanese). Canon Foundation seminar, Kyoto, Novembre 1995.

 

Panorama de la peinture moderne et contemporaine, continuité, discontinuité,

Institut français du Kansai, Institut franco-japonais de Tôkyô, Espace-Japon Paris, 1992

 

Pour une nouvelle approche de l’art moderne japonais,”Kyôto: Japan Foundation,   Mai 1988.

 

A propos de Sugai Kumi,” Institut franco-japonais du Kansai, Kyoto, 1984.

 

Emission audiovisuelle

 “ A propos des avant-gardes japonaises, le mouvement Gutai, Émission France-Culture Staccato, Paris, 11/5/1999

 

Expression and évolution de la peinture et de la sculpture japonaises après la guerre” Émission Osaka Yomiuri television, 12/3/1988.

 

Enseignement

 

          Dans notre cours de théorie et d’esthétique intitulé Approche comparative de la notion de représentation, nous nous penchons sur la comparaison Occident et Extrême-Orient à partir des traités de peinture fondateurs de l’une et l’autre civilisation. Nous opposons les traités sur la peinture d’Alberti, de Léonard de Vinci, etc. aux écrits Chinois et japonais.   D’autre part nous montrons l’influence réciproque entre l’Orient et l’Occident depuis la fin du XIXe siècle, notamment depuis l’épisode remarquable du japonisme. Temps des regards croisés, le Japon et la Chine ont de leur côté beaucoup puisé dans l’art occidental.

 

           Au travers des textes et des œuvres, nous questionnons la notion de représentation en nous référant à certains auteurs tels que Michel Foucault, Jacques Derrida en passant par Walter Benjamin, Kuki Shûzo et Nishida Kitarô. 

 

          Notre recherche a été depuis le départ fondée sur le refus de l’ethnocentrisme. Pourquoi calquer les concepts de l’esthétique occidentale sur les œuvres des autres pays ? D’autre part interpréter au regard d’autres conceptions artistiques nous permet au contraire de mieux appréhender les caractéristiques esthétiques occidentales.

 

          Dans l’histoire de l’art chinois, nous nous focalisons sur la représentation du paysage notamment dans les époques Song et Yuan. Nous mettons en valeur la conception du paysage chez les peintres lettrés en montrant le lien très étroit qui existe avec la poésie et la calligraphie. Pour ce faire nous nous référons aux traités de peinture traduits en français et en anglais. Nous comparons avec les représentations picturales japonaises certes influencées au cours des siècles par la Chine mais qui possèdent des caractéristiques proprement japonaises que l’on ne retrouve pas en Chine.

 

          Pour l’époque contemporaine, nous étudions les mouvements de rencontre et les influences réciproques entre l’art extrême-oriental et l’art occidental. Le japonisme est à cet égard très riche car la découverte des estampes japonaises est à l’origine de la révolution de l’art occidental dans le dernier quart du XIXe siècle. Parallèlement le Japon et la Chine ont été influencés par l’art occidental et ont commencé à mettre en pratique la perspective linéaire qui leur était inconnue. Dans les années cinquante, la rencontre calligraphie-art abstrait est tout à fait passionnante : les peintres occidentaux ont regardé du côté de la calligraphie alors que les calligraphes japonais se sont tournés vers une calligraphie « abstraite. Nous mettons en lumière ces regards croisés qui sont une partie très importante de l’art contemporain.

 

 

Historique de notre recherche

 

          Dans notre thèse intitulée L’évolution de l’art japonais depuis le milieu du XVIIIe siècle jusqu’à la fin de l’ère Meiji, nous sommes partie du dualisme existant entre l’école de peinture de style occidental yôga apparu dès le XVIIIe siècle et la nouvelle école de peinture de style traditionnel nihonga mise en place par Okakura Tenshin en 1890. Nous avons mis en évidence que ce dualisme se révèle superficiel. En effet, dans les deux cas une certaine permanence de la tradition picturale et l’influence de l’art occidental sont les deux éléments juxtaposés qui interviennent systématiquement dans la composition interne de l’œuvre, quel qu’en soit le style.

          A la suite de la thèse, nous avons retrouvé ce phénomène de juxtaposition dans les œuvres d’art plastiques actuelles et même dans l’architecture et le paysage urbain des villes japonaises de nos jours. Nous nous sommes rendu compte que les constructions architecturales et les créations artistiques ne sont pas fondées sur la pérennité comme on le sous-entend en Occident mais au contraire sur l’éphémère. Ainsi la conception du temps propre au bouddhisme et celle de l’impermanence et du renouvellement perpétuel s’avère nécessaire pour comprendre l’expression de certains artistes et des architectes contemporains. Ces travaux ont été publiés dans les Actes des deux colloques « Qualité de la ville » et « Maîtrise de la ville » dirigés par Augustin Berque (E.H.E.S.S) (cf.  Bibliographie)

          De 1993 à 1996, sous l’égide de la maison franco-japonaise, en tant que chercheur associé, nous avons constitué un groupe de recherche spécialistes de l’art moderne et contemporain, universitaires ou conservateurs de musée, japonais, français et américains. Revenir sur le problème de la modernisation au Japon, analyser le concept de bijutsu (traduction du mot art), retrouver la signification de l’avant-garde, montrer les fluctuations dans la hiérarchie entre beaux-arts et arts appliqués sont les principales questions abordées dans les journées d’études. Les actes des journées d’étude ont été publiés aux Editions Heibonsha en 1999. Sont compris dans les actes les résumés des débats qui ont eu lieu à la suite de chaque journée d’étude. (Cf . Bibliographie)

 

Développement de notre recherche

 

          Toujours dans la perspective d’analyse du processus de modernisation, à partir de l’étude de l’autoportrait depuis l’époque ancienne jusqu’à nos jours, nous avons mis en évidence l’évolution de la notion de sujet au Japon dans le cadre du colloque dépassement de la modernité sur Nishida Kitarô. (cf. Bibliographie)

Nous avons aussi analysé la notion de tradition telle qu’elle a été définie par Okakura Tenshin dans les années 1880 dans le cadre du colloque organisée par Paris VII en 1998 (voir bibliographie). Nous avons analysé l’ouvrage de Serge Elisseeff, le père de la japonologie moderne, sur l’art contemporain japonais publié en 1923 au cours du colloque organisé à Moscou sur ce professeur de l’université de Harvard par l’Institut orientaliste russe. (cf. Bibliographie)

  A l’université de Louvain la Neuve dans le département orientaliste nous avons axé notre recherche sur la première influence de l’art occidental au moment de l’arrivée des Portugais au Japon. (cf. Bibliographie)

 

 

Recherche dans le cadre du groupe de recherche Écriture et Image fondé par Anne-Marie Christin et dirigé par Annie Renonciat (Université Paris VII)

 

 Dans le cadre des Journées d’étude organisées par Cécile Sakai (Professeur Département des Études et civilisation japonaise de Paris VII) regroupant sinologues et japonologues, le thème que nous avons choisi est le suivant : Calligraphie et modernité le débat sur la calligraphie dans les années 1880.

Nous sommes partie du débat sur la calligraphie entre un peintre de style occidental et le directeur de l’Ecole des beaux-arts de Tôkyô. L’un, partisan de la modernité et l’autre, auteur d’ouvrages sur l’esthétique japonaise, développent une polémique publiée dans une revue sur le rôle de la calligraphie à l’époque moderne. Doit-on continuer à la considérer comme un art ? Le partisan de la tradition a eu gain de cause et le gouvernement l’a remis dans le programme scolaire en 1885. Cependant dans les faits la calligraphie va rester à part dans le monde des écoles anciennes dirigées par un maître. Ce n’est que dans les années trente qu’un mouvement de calligraphie contemporaine voit le jour. Parallèlement la calligraphie acquiert une position dans l’art contemporain grâce à son influence sur la peinture abstraite. Actuellement au Japon, la calligraphie est loin d’avoir disparu, au contraire elle est devenue très populaire. Elle se distingue par les nombreuses spécialités qu’elle dispense à savoir calligraphie chinoise, calligraphie en kana, calligraphie d’avant-garde, calligraphie bouddhique, calligraphie culturelle, calligraphie scolaire. (cf. Bibliographie)

 

Recherche récente

 

Participation au colloque du Centre de recherche international des études japonaises (Kokusai nihon bunka kenkyû center、Kyôto) 

Arts et Artisanats au 21e siècle

Reconsidérer le futur dans une perspective internationale 8-12 novembre 2005

Communication sur un potier avant-gardiste de Kyôto, Yagi Kazuo (1918-1979)

Participation au colloque organisé à Colmar par le Centre Européen d’Etudes japonaises d’Alsace (Kienthzeim) Société et culture du japon moderne

Commentaire de la communication du Pr Inaga Shigemi « Synthèse sur les polémiques soulevées par les manuels d’histoire 2001-2002 »

Participation au colloque sur Mitate et shakkei: communication sur la fonction de Mitate (voir comme) en peinture  à la fois à l’époque d’Edo (1603-1868) et à l’époque contemporaine.

 

Les directions actuelles de notre recherche

 

 

La conception des œuvres d’art dans le cadre de la création contemporaine

 

Un exemple : le Japon

 

 

          Nous commentons rapidement le titre que nous avons choisi par un rappel important de l’histoire de l’art japonais. Un avant la participation à l’exposition universelle de Vienne en 1872, un fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères, Ôkuma Shigenobu (1838-1922), homme politique important de l’époque Meiji introduit le terme « Art », en japonais Bijutsu, néologisme pour traduire la notion allemande de kunstgewerke. Comme il s’agissait d’un mot nouveau, il a ajouté entre parenthèse la signification du terme. Bien sûr, il ne fait pas de doute que les formes d’expression qualifiées aujourd’hui d’artistiques remontent à la préhistoire mais il n’existait pas de terme regroupant ces différentes activités. Jusqu’à l’époque Meiji, Gei que l’on traduit par art faute de terme équivalent dans les langues occidentales ou dô (la voie) sont des expressions qui couvrent des disciplines spécifiques (la divination, le tir à l’arc, la calligraphie, la cérémonie du thé). Donc sous le terme bijutsu qui va finalement l’emporter se juxtaposent les sens traditionnels (celui des arts traditionnels) et modernes (celui des beaux-arts comme en Occident)

          L’art moderne japonais prend sa source dans l’ouverture de ce pays au monde extérieur après deux cent cinquante années de fermeture sur lui-même. La révolution meiji, comme on a l’habitude de qualifier ce changement est précédé par l’ultimatum de Perry en 1854 arrivé au large de Yokohama : le gouvernement encore sous la direction du shôgun doit se plier, c’est-à- dire accepter l’arrivée des étrangers sinon c’est l’envahissement. Choisissant avec réticence la première solution, le Japon entre dans une période de trouble qui met fin au système féodal de la dynastie des Tokugawa. C’est l’empereur qui va retrouver le pouvoir et mettre en place la structure d’un Etat moderne autoritaire, prenant comme modèle la Prusse de la fin du XIXe siècle.

          L’évolution de l’art, bien que forcément liée à l’entrée du pays dans le monde international de son époque, se manifeste sous la forme d’un dualisme apparent, style traditionnel versus style occidental, qui perdure aujourd’hui. L’analyse que nous portons se situe à la fois sur la succession des différentes écoles et courant d’artistes qui marquent la période moderne et sur l’esthétique des œuvres elle-même.

 

          C’est ainsi que nous interrogeons les paramètres suivants :

 

          1 Contexte japonais

 

          1.1 Les œuvres japonaises des époques antérieures

 

          Le changement intervenu dans la création artistique ne se manifeste pas brutalement mais est étalé sur une longue période. En effet la formation de l’art moderne a duré une trentaine d’années pendant lesquelles le Japon a créé de nouvelles institutions calquées sur le modèle occidental tout en conservant les spécificités japonaises. Les transformations évidentes apparaissent tout d’abord dans la technique et le médium utilisés par les artistes : la perspective linéaire, le clair obscur pour donner l’illusion de la troisième dimension, les couleurs de la peinture à l’huile. Cependant une analyse approfondie montre souvent que les thèmes ou le style de la représentation sont en fait très marqués par la tradition. D’autre part malgré la référence obligée des œuvres de style traditionnel aux époques antérieures, elles s’en écartent clairement en se référant à l’art occidental.

          La comparaison entre les œuvres modernes et anciennes permet de permettre en évidence les véritables caractéristiques de l’art japonais sans passer par les poncifs habituels. D’autre part il apparaît des catégories dans lesquelles sont classées les œuvres qui n’existent pas dans la culture occidentale. Les œuvres du passé et de la modernité incarnent des esthétiques qui peuvent être similaires sous des formes apparemment complètement divergentes. Souvent c’est à travers un thème commun récurrent que s’exprime toute une philosophie, une conception du monde qui perdure à travers les âges. A l’opposé certains aspects sont nés à l’époque moderne et marque bien une rupture avec le passé.

                  

          1.2 Les écrits sur l’art du Japon et de la Chine ancienne

          Pendant toute l’histoire du Japon la culture chinoise dans tous les domaines joue un rôle prédominant. Outre le fait que le Japon a emprunté l’écriture chinoise, il va s’appuyer sur les connaissances et la pensée de cette civilisation plus ancienne. On pourrait comparer la nature de la relation entre les deux pays avec celle qu’entretenait l’Europe du Moyen Age et de la renaissance avec le monde antique gréco-romain ou plus tard celle de l’Europe et du nouveau monde.

          Dans le domaine artistique, le Japon développe des écoles propres tout en s’inspirant des thèmes et de la conception de la beauté en Chine. Ainsi les écrits sur l’art exercent une influence profonde sur l’esthétique nippone et les Japonais les reprennent tels quels, les interprètent ou parfois s’en détachent pour affirmer leur différence.

          Au cours des âges se sont développées diverses conceptions de la beauté qui ont engendré de termes bien spécifiques dont les définitions recourent souvent à un langage complexe qui reflète le monde de la sensibilité. Il existe donc au moment de l’ouverture du Japon tout un vocabulaire correspondant à des classifications bien précises pour définir les thèmes. La hiérarchie entre les arts diverge beaucoup de la distinction entre beaux-arts et arts appliqués du XIXe siècle, la poterie considérée comme un artisanat occupe une place de premier rang.

          1.3 Les événements historiques et la situation de la société des différentes époques concernées

                  

          Il existe plusieurs termes en japonais pour traduire le mot moderne. En histoire, on distingue Kinsei c’est-à-dire pré-moderne, moment de l’établissement du shogunat et de la fermeture du Japon au début du XVIIe siècle. L’époque moderne proprement dite (kindai) débute en 1868 au moment de l’ouverture du Japon et du nouveau pouvoir impérial après la chute du shogunat. Enfin il y a la période moderne (gendai) qui débute après la guerre.

          L’histoire japonaise a évidemment sa propre spécificité et il est nécessaire d’en tenir compte pour comprendre les oeuvres même si celles-ci n’y font pas allusion directement. L’exemple le plus frappant est la peinture de reportage au moment de la guerre russo-japonaise ou l’art de propagande pendant la deuxième guerre mondiale. Il est important de mettre en évidence la situation particulière du Japon dans le cadre de l’analyse.

          Le back ground de l’artiste nous éclaire sur les points spécifiques de l’auteur ainsi que le contexte social. En effet si le facteur personnel est important, le rôle social de l’artiste est sans aucun doute encore plus important du fait de sa participation aux divers groupes ou écoles. Si ce phénomène existe en Occident, il n’a pas son équivalent. En effet l’artiste se considère comme un membre d’un groupe, d’un corps social.

         

          2 Contexte de l’art contemporain

         

          Pour analyser l’évolution de l’esthétique de l’art contemporain japonais, nous partirons de plusieurs grandes expositions notamment, celle organisée par Alexandra Munroe de 1994 qui a tourné aux Etats-Unis. L’inauguration du musée d’art contemporain à Tôkyô en 1995 est une date importante puisque pour la première fois une vraie collection d’art contemporain japonais a été présentée dans son ensemble couvrant toute l’après-guerre.

         

          2.1 Les mouvements artistiques au Japon depuis 1945

          Nous pouvons citer quelques mouvements comme le mouvement gutai (1955-72), le mouvement hi-red center des années 60, le théâtre butô et l’art obsessionnel, Tôkyô Fluxus, le mouvement mono-ha, le cinéma expérimental et l’art vidéo, les années 90 avec le groupe DUM type etc…

 

          2.2 Comparaison avec l’évolution de l’art contemporain de l’Asie du nord

 

          Nous parlerons évidemment des relations entre la Corée et le Japon car beaucoup d’artistes coréens sont venus étudier au Japon. L’artiste Le Ufan a joué un rôle très important. D’autre part avec la transformation fantastique de la Chine dès le milieu des années 90, l’art contemporain s’y est furieusement développé. Depuis le début du XXe siècle, de nombreux artistes chinois sont venus au Japon. Enfin en Chine et en Corée on trouve la même classification entre peinture traditionnelle et peinture de style occidental. 

 

          2.3 Comparaison avec les mouvements de l’art occidental

 

          Depuis les années 50, le Japon participe à toutes les biennales internationales et est intimement lié à l’évolution de l’art international. Nous parlerons des artistes connus en occident et de ceux qui ont influencé le plus les Japonais.

 

          2.4 L’évolution de l’art actuel

 

          Etudier l’art contemporain sous l’angle du Japon nous permettra de donner un éclairage plus complet sur la situation actuelle et de voir ce qu’a apporté cette culture.

          Ainsi nous sommes obligée de trouver d’autres critères pour analyser les oeuvres. Il semble que l’on soit arrivé à une période charnière et le Japon, fait partie de ces pays où se retrouvent avec acuité toutes les questions fondamentales des sociétés actuelles. Il est donc important d’interroger et d’analyser les oeuvres des créateurs contemporains de ce pays.

 

 

                                       Projet publications 2022

 

Préparation avec Marie Laureillard (Université de Lyon 2) de la publication du colloque Usages et valeurs du noir en Asie de l’est 7-9 juin 2002

Presses de l’institut de l’école des langues orientales

Préparation de la publication du séminaire usages et valeurs du noir 2021-2022 (CEEI) aux éditions ENS de Lyon (2023)